Quand le Y remplace deux I

Pourquoi trouve-t-on une alternance entre i et y dans la famille de certains mots ?

La difficulté

En français, le y est une lettre qui a plusieurs facettes. Il a souvent la même valeur (mais pas la même origine !) qu’un i, par exemple dans analyse ou dans derby. D’autres fois, il sert à noter le son [j], comme dans sabayon, s, a, b, a, y, o, n, la préparation culinaire. Mais le cas qui nous intéresse aujourd’hui est celui où le y sert pour ainsi dire à remplacer deux i consécutifs.

Des exemples

Prenons l’exemple de l’adjectif royal, r, o, y, a, l. Dans ce mot, on reconnait la base roi et le suffixe ial (le même que dans seigneurial, entre autres). On observe que, à la jonction entre la base et le suffixe, deux i se rencontrent. Mais pour éviter cette rencontre incongrue, on emploie un y, qui présente l’avantage, dans la prononciation, de noter à la fois la fin de roi et le début de ial. Le principe est le même dans des mots comme balayer, convoyer, ennuyeux, joyeux, crayon, rayon, qui s’écrivent tous avec un y, et dans lesquels on reconnait des bases en i : balai, convoi, ennui, joie, craie, rai, r, a, i.

Dernier point à retenir, qui concerne deux verbes extrêmement fréquents, j’ai nommé être et avoir. En effet, dans leur conjugaison, au subjonctif présent, on rencontre un y qui joue le même rôle : il faut que nous ayons raison, a, y, o, n, s, que vous soyez partis, s, o, y, e, z. Ici, le y provient de la rencontre entre la base du verbe, a, i, pour avoir, et s, o, i, pour être, et des terminaisons du pluriel ions et iez.

Remarque

Il n’est pas tout à fait exact de dire que ces y proviennent tous directement de la rencontre de deux i, car les mots que j’ai cités n’ont pas tout à fait été fabriqués à l’aide de suffixes. Pour autant, le rôle que joue ces y est tout à fait semblable à celui que joueraient deux i consécutifs dans la même position. Le y est donc bien ici un substitut des deux i.